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Le Québec (2)

Bienvenue chez les Chicoutimis

« Déjà ? Â» vous surprenez-vous. « Déjà Â» vous réponds-je sans surprise.

 

Eh oui ! Un blog c’est pas comme un message collectif, je peux actualiser souvent… Au pire, ça ne saoule que ceux qui viennent s’informer des nouvelles du gars Yoyo sur son vélo… Et vu que ceux là c’est la crème de la crème, ça risque pas de les saouler… Enfin, j’espère…

 

Bref, il ne s’est pas passé beaucoup de temps depuis la dernière actualisation. Je me reposais alors de mes folies kilométriques des deux premières étapes chez le frère de mon pote Antoine à Lévis, en face de Québec.

 

Finalement, et contrairement à ce qui était envisagé, et même recommandé par Antoine, le bon sens et moi-même, je suis parti un jour plus tôt que prévu, à savoir le mardi au lieu du mercredi. Il faut dire que j’ai bichonné mes genoux (surtout le gauche) pendant un peu plus de quatre jours et là, après avoir réglé un peu mieux ma selle, je pense être prêt à repartir. Antoine a beau essayer de me convaincre de rester jusqu’à demain matin, ma décision est prise : je veux rouler à nouveau !

 

Bonne séance de remerciements, d’au revoir, de je te promets qui si je passe par là j’t’appelle, de j’te promets qu’si j’viens en France on fait la fête, et me voici reparti.

 

On est donc mardi midi, et je me propose de ne faire qu’une quarantaine de kilomètres (cinquante au plus) histoire de ménager qui vous savez (surtout le gauche). Manque de bol, si on peut dire (et vous allez dire que je me plains tout le temps), le vent est avec moi (oui, vous avez bien lu « AVEC Â») et je file à la fulguropoignante vitesse de 23 km/h sur des route toutes plates, bordées de champs et de jolies maisons sur la droite et de champs, de jolies maisons et le Saint-Laurent sur ma gauche.

 

Résultat, en deux heures, pauses incluses, j’ai déjà parcouru ce que je pensais faire sur la demi-journée. Évidemment, comme en plus je ne me ressens pas de mes tendinites genouteuses, je décide de continuer. Je termine donc la journée après 98 kms, à la sortie du petit bled de Saint-Jean Port Joli, sur un terrain appartenant è la ferme de M. Jean-Claude Saint-Pierre, qui m’indique un endroit très sympa pour planter ma tente (et pas ma tante… ;-) au bord du fleuve. Sauf que mes genoux sont de nouveau en vrac…

 

Déjà qu’une tendinite c’est insidieux, alors imaginez quand il y en a deux ! En fait, maintenant, c’est le genou droit qui me fait le plus souffrir. J’ai probablement compensé sans m’en rendre compte. En tout cas, me voilà bien… Bon, on verra demain.

 

Le lendemain, donc, je reprends la route tranquillement, sans douleurs particulières. Manque de bol, rebelote, le vent me pousse tellement que je roule à 25 km/h de moyenne avec des pointe à 40 pendant plusieurs minutes sur du plat… Oui, je sais, ça vous fait probablement marrer ces vitesses qui doivent vous sembler ridicules… Eh ben, je vous f’rais dire qu’avec un VTT chargé d’un 25/28 kg de bagages, ça prend tout son sens…

 

Bref, le paysage ne change pas trop, et je file toujours le long du fleuve, en direction de Rivière du Loup où je suis supposé traverser sur un bac (un traversier, ici). Arrivé là-bas, après 96 km, même chose, les genoux, le vrac, etc. Je traverse en me disant que je trouverai un endroit de l’autre côté, en sortant de Saint-Siméon.

 

La traversée dure une heure. Oui, il faut dire qu’à cet endroit le Saint-Laurent est un  peu plus large que la Seine… J’en profite pour apercevoir de loin des bélugas, les fameuses baleines blanche qui font la joie des touristes et le bonheur pécuniaire des gens de la région…

 

De l’autre côté, c’est là que ça se gâte. Je ne trouve pas d’endroit satisfaisant et comme j’aimerais vraiment faire une halte dans un endroit un peu touristique (avec des infrastructures capables de m’aider à récupérer mes genoux (les 2) une bonne fois pour toute, je décide de pousser jusqu’à Tadoussac.

 

Le problème c’est que Tadoussac c’est à encore 40 km. Bref, d’ignobles montées en pauvres descentes, d’arbres en arbres et de lacs en lacs, j’arrive à Baie Sainte Catherine, là où l’on traverse sur un autre traversier (très court celui-là). C’est la nuit et je viens de parcourir 140 km, dont 80 sur les rotules (j’l’aime bien celle-là…). Je traverse donc l’entrée du fjord et me retrouve à camper sauvagement au bord d’un petit lac charmant DANS Tadoussac. Enfin, je dis « dans Â» mais bon, vous savez ce que c’est, hein, un village québécois, même touristique, y a de la place et de la forêt DANS le village.

Bref, le lendemain, je décide, en accord avec mon banquier et mes genoux, d’aller voir les baleines. Les genoux, c’est pour les laisser reposer (un peu comme la pâte à tarte, sauf que eux, je les ai beaucoup plus malaxés…) et le banquier, c’est pour le tarif, pas si énorme que ça d’ailleurs, mais bon, mes vieilles habitudes de pauvre en voyage ont la peau dure…

 

Je paye donc la faramineuse somme de 77 dollars canadiens (CAD), soient 58€, pour aller me taper les fesses pendant trois heures sur un zodiaque qui avance clairement plus vite que mon vélo, et essayer de voir des baleines.

 

Bon, pour les sensations sur le zodiaque avec les autres touristes, c’est marrant 5 minutes… Pour les baleines, ce fut bien mais pas top… Sauf à la fin où l’on était un peu plus proche.

 

Je dis ça mais c’était quand même sympa… le zodiaque qui speede…

Et puis comme il n’est que 17 heures lorsque je sors des baleines, je décide de m’avancer un peu sur mon étape de demain, qui me mènera à 130 km de là, à Chicoutimi.

 

 

Je prends donc la route, en débutant par l’une de ces énooooooooooooooormes côtes dont les québécois ont le secret. Je les soupçonne de s’en servir comme tremplins de saut à ski l’hiver…

 

 

Après une vingtaine de kilomètres sous un joli soleil déclinant, j’arrive dans le village de Sacré CÅ“ur. Et là, excellente rencontre : Monsieur le Maire, Gilles Pineault, qui fait du vélo. On entre ensemble dans sa ville et les quelques mots échangés sur le chemin le décident à s’occuper de mon cas. Il me trouve donc un hébergement (aux frais de la municipalité) dans un camping qui est aussi une sorte de réserve animale avec des orignaux, des biches, des cerfs, des loups, etc.

 

 

Monsieur le maire aime beaucoup le cyclisme et l’excellente piste cyclable sur 5 km à la sortie du patelin en est un témoignage… En tout cas, je ne regrette absolument pas d’avoir commencé une mini étape en fin d’après-midi pour finalement atterrir là.

Le lendemain, je repars pour une nouvelle étape difficile. Enfin, ce n’est pas tant le relief (montées et descentes, surtout montées, sur environ 110 bornes) mais plutôt l’état de mes genoux (surtout le droit, et puis le gauche aussi tiens, pas de jaloux…) qui rend cette étape difficile. Malgré tout, j’arrive à Chicoutimi vers 17 heures et me rends dans une auberge de jeunesse bien méritée.

Aujourd’hui c’est : courses (pour mieux me protéger de la pluie à bicyclette, je crois qu’ici c’est un problème récurrent la pluie…), piscine, et visite de la Petite Maison Blanche.

 

 

Alors, je réponds avant même que vous ne m’assailliez d’une et une seule question : « Mais, qu’est-ce-donc que cette Petite Maison Blanche ? Â».

 

 

Eh bien, figurez vous qu’en 1996, ici, dans la région de Saguenay, des pluies torrentielles de chez torrent du ciel, ont fait déborder tout ce qui peut déborder dans le coin : ruisseaux, rivières, océans… Euh… Non, pas les océans, mais on n’était pas loin…, cuvette des chiottes et, bien sûr, le lait… Et il se trouve que DANS Chicoutimi, il y avait une rivière, elle aussi appelée Chicoutimi, pourquoi faire compliqué ? Retenue par un barrage qui, lui aussi, a fini par déborder. Évidemment, toutes les maisons se trouvant sur le chemin des flots furent emportées… Toutes, sauf une, qui résista vaillamment dans son coin de Bretagne à l’envahisseur romain… Euh… Non… Sérieusement, dans le guide de Chicoutimi ils disent : Â« cette fameuse demeure centenaire qui a résisté à l’équivalent du volume d’eau des chutes du Niagara pendant des jours Â», vous voyez, je ne mens pas… En tout cas, ça m’a bien impressionné.

 

 

Bon, à part la Petite Maison Blanche de Chicoutimi, il y a probablement des tas d’autres trucs over-excitants à faire, voir, manger, etc. mais je ne les ferai pas. D’abord parce que je repars demain en direction du Lac Saint Jean et ensuite parce que je n’ai pas que ça à faire (voir et manger…).

 

 

Le soir, à l’auberge de jeunesse, je fais la connaissance d’Aude, une française qui se balade toute seule et qui randonne, et un couple franco-espagnol bien sympa, qui vient étudier ici, au Québec (quelle idée !), pendant 4 mois. On passe notre soirée à se raconter des trucs de touristes…

Je quitte tout ce beau petit monde au petit matin, vers 9 heures… Ainsi que cette bonne vieille ville de Chicoutimi sous une pluie fine mais constante… Je mets à l’épreuve avec un certain bonheur les couvres chaussures qu’Antoine m’avait fait promettre d’acheter. En voilà un bon achat… Le coupe vent imperméable et aéré en dessous de les bras n’est pas mal non plus. Même s’il m’est infiniment plus agréable de rouler sous le soleil, au moins, ici, je peux rouler malgré la pluie.

 

D’ailleurs, le plus chiant, aujourd’hui, ce n’est pas la pluie, mais bien le vent. C’est le grand retour de la plaie intégrale du cycliste : le vent de face ! Il faut dire que depuis Montréal, ma première étape, je l’ai dans le dos et que c’est un bonheur intense. Mais là, il n’y rien de plus déprimant, pas même le retour de Patrick Sabatier à la télé… Le problème avec le vent c’est que ça use non seulement physiquement, mais aussi mentalement. Physiquement parce qu’il faut au moins 2 fois plus d’efforts pour aller à la même vitesse, imaginez sur une journée, c’est double ration d’efforts, et mentalement parce qu’on sait qu’on en prend pour la journée, justement… Et ça, c’est très très dur.

 

D’ailleurs, concernant la pluie, ici, il fait VRAIMENT beau plusieurs fois par jour, pas comme dans certaine région de France où l’on voudrait nous faire croire que s’il pleut c’est parce qu’il va faire beau toute de suite après (le mois suivant, ouais…)… Ici, le climat est très changeant. Pour l’instant, je n’ai encore pas eu une journée de pluie complète. S’il pleut le matin, l’après-midi il fait beau, et c’est quand même plus cool pour le vélo.

 

Aujourd’hui, c’est encore le cas, et tant mieux, car le vent suffit à ma peine. D’ailleurs le relief s’en mêle. Chicoutimi est au bord du fjord, donc au niveau de la mer. Mais le Lac St Jean, vers lequel je me dirige, est en altitude. Je me dis néanmoins qu’il doit être dans une cuvette, puisque c’est un lac, et qu’après avoir monté je vais fatalement redescendre sur les bords du lac… Encore une fois : perdu ! Je monte une bonne partie de la journée et j’arrive finalement… Sur un plateau. C’est plat, certes, mais comme il y a le vent, ça reste difficile. Et puis, finalement, je me retrouve au bord du lac, sans avoir rien redescendu… Tu m’étonnes que ça déborde chez eux, s’ils mettent les lacs à ras bord comme ça, sans même prévoir des bonnes pentes sur les côtés… M’enfin…

 

Je contourne donc le lac par le sud pour aller vers le bled de Chambord afin de choper la 155 et commencer ma « descente Â» vers le sud. Il y a une jolie piste cyclable le long du lac, très bien aménagée, et comme elle est en contrebas de la route, et parfois sous les arbres, je suis plus ou moins à l’abri du vent.

 

Je croise un couple de suisses à vélo (non, ceux ne sont pas mes petits suisses, Florian est Nico…), qui ont une remorque ET des sacoches… En fait, la remorque c’est pour leur chienne : Torga. Et là, je dis : chapeau ! Parce que la Torga, elle court un peu à côté d’eux, mais pas toute la journée… Et c’est pas un bichon ou une mirza la Torga… Elle doit bien faire ses 12 Kg… Ils sont passés par la route que je devais prendre, dans le nord, celle qui est pleine d’arbres, et ils m’ont confirmé qu’elle est pleine d’arbres. Ils ont également croisé 2 ours mais sans problèmes majeurs… Pour les ours… En revanche, pour la sÅ“ur de Torga… ;-)

 

Non, j’déconne, Torga n’avait pas de sœur qu’aucun ours n’a donc pu dévorer… Mais bon, il faut quand même se méfier des ours… Quand même…

 

Je les quitte après une pause passée avec eux, et j’arrive à Chambord où j’enquille sur la 155. Les derniers kilomètres sont assez difficiles car je suis crevé (rapport au vent), et ça monte pas mal (rapport au fait que je suis arrivé par le côté du plateau, mais en fait le lac est bien DANS une cuvette…).

 

J’arrive à St François vers 18 heures et trouve une famille d’accueil pour la soirée : La famille Bourde-Girard. Ils me laissent camper sur leur terrain et me proposent de prendre un bon bain chez eux. Proposition acceptée. Ils sont très gentils mais j’ai un peu de

Le lendemain, après les remerciements, je quitte cette sympathique famille pour me rendre dans une autre famille, celle d’Antoine, à La Bostonnais, tout près de La Tuque. Ceci dit, j’ai un bon 115 km devant moi et le vent est encore et toujours de face. Heureusement, il fait beau et mes genoux ont l’air de se calmer un peu.

 

Après 8 km je traverse Lac Bouchette, le dernier bled avant… La Bostonnais, à environ 100 km de là… Je fais donc quelques provisions et continue mon chemin. Il fait rapidement assez et même très beau. Ça grimpe pas mal mais les lacs et les paysages, des arbres (beaucoup d’arbres…), rendent le trajet très agréable. Au bout de 80 km ça commence à redescendre, mais pas très franchement… Ici, le relief n’est pas très franc… Quand ça monte, ça monte pas très fort, et puis on a même de petites descentes, avant des remontées un peu plus raides et  plus longues… Mais quand ça descend, eh ben c’est pareil… ça descend pas net… C’est pas franc je vous dis…

 

Quoiqu’il en soit, j’arrive vers les 18H30 à La Bostonnais et suis très chaleureusement accueilli par les parents d’Antoine.

 

Alors là, je suis impressionné. Michel et Nicole (c’est comme ça qu’ils s’appellent..), habitent dans une maison faite de rondins de bois. On dirait un chalet nous… Et c’est Michel qui l’a construite de ses propres mains. C’est absolument époustouflant.

 

Bon, à part ça je suis traité aux petits oignons et peux ainsi prendre une journée complète de repos. Mercredi, demain donc, je prends le train pour Senneterre afin de rejoindre le trajet que je voulais faire pour me diriger ensuite vers l’Ontario et la frontière américaine.

Ce matin du 8 septembre, je me fais déposer à la gare de La Tuque par le père d’Antoine qui, avec sa femme, la maman d’Antoine (vous suivez ?) se sont vraiment bien occupés de moi. Me voici requinqué. D’autant que je ne remonte pas sur le vélo avant demain. Je laisse donc cette excellente famille d’accueil en espérant les revoir, ici ou en France, ou ailleurs, pourquoi pas, et embarque donc dans le fameux train qui n’a que dix minutes de retard (ce qui n’était pas arrivé depuis au moins 3 ou 4 éclipses de soleil, paraît-il…).

 

Ici, les distances étant ce qu’elles sont et la rudesse du territoire ce qu’elle est, il n’y a pas de lignes électriques au-dessus de la voie ferrée. C'est déjà énorme d’avoir posé des rails, ils n’allaient pas en plus électrifer tout ça… Surtout au prix du gas-oil par ici… Bref, il s’agit donc d’un train qui fonctrionne au diesel et qui klaxonne très fort dès qu’il arrive dans un bled ou qu’il croise une route ou un chemin… Les barrières sont rares.

 

En ce qui concerne le prix, il va de mise avec le confort. 90 CAD (environ 70 €) pour ma bicyclette et moi. Les sièges sont larges et spacieux, et en plus, on n’est que 13 dans le train… Même s’il n’y a que 2 wagons, un pour les passager et un pour les bagages (véridique… comme quasiment tout ce que j’écris dans ces messages d’ailleurs…), on peut dire qu’on n’est pas trop serré.

 

Je suis content car le temps, prévu bouché et pluvieux, se dégage rapidement et me premet de profiter du paysage, principalement des forêts, des lacs et des rivières, mais quand même, c’est joli.

 

Malheureusement, ça se gâte en arrivant sur Senneterre, avec seulement une heure un quart de retard. La première fois cette année, d’après le contrôleur, qu’il a si peu de retard. Je sors donc un peu du centre bled et loge finalement dans une espèce de grosse remorque. Je ne sais pas ce que le proprio mets dedans d’habitude, mais c’est propre et sec et c’est lui même qui m’a autorisé et même recommandé de dormir dedans.

Le lendemain, c’est reparti. Après 2 jours de grand repos, j’imagine que mes genoux vont me laisser tranquille. C’est vrai le matin, mais ça se déterriore au cours de la journée. Enfin, vous connaissez l’histoire, je ne vais pas vous la re-raconter à chaque fois… Les kilomètres s’enchaînent moyennement bien, rapport au vent qui n’est pas trop d’accord pour me faciliter la tâche. Vers midi je suis au Val D’Or, un ancien village minier. Je jette un coup d’œil en passant aux maisons traditionnelles conservées dans un coin du village et repars aussitôt.

 

Au fur et à mesure que la journée avance, hé bien moi aussi. Et je termine donc une journée de 132 Km sous une lumière des plus photogéniques près du bled de Mc Waters.

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