L'Amérique du Nord et Centrale à vélo
Les Etats-Unis (4)
La Géorgie sur mon esprit...
Ce matin... Euh... Ce midi, plutôt (il a bien fallu que je me couche TRES tard pour mettre en ligne le précédent message), je repars de chez Solene et Ari en les remerciant chaleureusement de l'excellent accueil dont j'ai bénéficié.
Je reprends la route tranquillement, sous un ciel des plus bleux, à travers un enchainement de petites collines et de prairies cloturées sur de petits plateaux.
C'est très agréable, d'autant que le vent est docile et les arbres ont des couleurs toujours aussi chaudes.
J'arrive à Appomatox en fin de journée (lieu de la rédition de Lee à Grant marquant la fin de la guerre de sécession) et trouve un fermier super sympa, Johnny, qui me laisse dormir dans l'une de ses granges.
Je repars le lendemain sous un soleil hivernal. Gants, bonnets et cycliste long sont de rigueur ! Les paysages et le reliefs sont comme hier et la journée est uniquement consacrée à rouler. Résultat, En commençant le vélo à 10h30 et en terminant à 18h, je parcours tout de même 121 Km. Cela faisait un moment que ça ne m'était pas arrivé. A la sorti de Danville je me fais inviter par Bob, un gars sympa qui a, semble-t-il, rencontré Dieu, et qui fait une bonne action en m'évitant les températures nocturnes de ce début novembre... Il faut dire que je ne suis pas encore tout à fait en Floride...
Je repars après une bonne nuit bien au chaud, et après avoir remercié Bob. ma journée de vélo n'a rien de remarquable si ce n'est que j'entre en Caroline du Nord et enchaîne une deuxième journée d'affilée à plus de 120 Km. Il semblerait que je retrouve un rythme convenable...
En fin de journée, je passe Winston-Salem, où je n'aimerais pas habiter... Et je ne dis pas cela parce qu'il pleut, mais bon, on ne peut pas dire que ça arrange vraiment le côté moche et usine de ciment d'une partie du centre-vile...
Je trouve à m'héberger dans le jardin de David, un banlieusard américain sympa qui me laisse camper chez lui.
Le lendemain, il pleut. Ce n'est pas une surprise puisqu'ils l'avaient annoncé sur internet. Cela reste néanmoins une déception... D'abord parce qu'ils ne se sont pas trompés à la météo, et ensuite parce que je vais être mouillé, humide et avoir froid toute la journée.
Heureusement, la pluie se calme rapidement et je n'ai pas trop à en souffrir. La journée de vélo est un peu comme hier : assez inintéressante. Entre petites côtes et petites descentes qui se succèdent interminablement et villages tous les 20 Km avec leurs lots de coiffeurs, assureurs, garagistes, centres commerciaux et 'hambourgueurs'...
C'est marrant, j'ai l'impression d'être dans une sorte de ventre mou du voyage. Avec plus de 5000 Km au compteur on peut décemment affirmer que le 'début' est passé et que maintenant s'installe un espèce de routine. Et puis il faut dire que je suis assez impatient de rejoindre mes prochaines étapes importantes : Atlanta et Miami. Atlanta dans 4 ou 5 jours parce que j'y serai reçu chez la soeur d'Erin (celle du tonton à Chicago) et en plus c'est la ville de Caca Collé et Martin Luther King... Et Miami dans un 3 semaines parce que c’est Miami, quand même ! Bon, surtout, je veux pouvoir à nouveau rouler en T-shirt et ainsi parfaire mon bronzage cuivré manches courtes et cuisses bi-colores…
En fin de journée, je suis à Cornélius, un bled de la banlieue nord de Charlotte. Un irlandais qui habite là m’autorise à camper sur le terrain qui jouxte celui de sa maison et qui lui appartient également. Bien qu’un peu méfiant au début, la pitié et le froid finissent par l’emporter… Il ne tarde pas à m’apporter une assiette d’un succulent ragout de boeuf. C’est adorable de sa part. Je dévore ce bon repas chaud avant de me mettre au sac (eh oui, ce n’est pas un lit, mais bien un sac de couchage qui m’accueille tous les soirs…) pour un repos nocturne bien mérité.
Aujourd’hui, je vais voir Charlotte. Vingt ans après Laurent qui visita jadis cette ville à la frontière des deux Caroline lors d’un voyage scolaire de seconde, c’est mon tour ! Bon, je ne peux pas dire que je sois bluffé ou plus impressionné que cela, mais au moins il fait beau et la traversée du centre-ville ne pose aucun problème de sécurité circulatoire…
Je poursuis donc vers le sud et entre donc en Caroline du Sud. Je passe Rock Hill et termine, après avoir vu mes premiers champs de cotton, aux abords du bled de Lewis.
En fait, et pour reprendre une espèce de tradition initiée avec Richard au début de notre voyage ‘Paris – Shanghaï’(souvenez-vous, formidable !!!), je demande à des pompiers si je peux camper sur le terrain de leur caserne. Le responsable, fort sympathique, accepte tout de suite et j’installe donc ma tente derrière le bâtiment. Mais, car il y a un ‘mais’, ce que je ne savais pas, c’est que les pompiers organisaient ce soir là un ‘Turkey Shoot’, une sorte de concours de tir pour réunir des fonds pour la caserne. Or, sans doute ne l’ignorez-vous pas, le tir à la carabine ça fait du bruit… J’assiste donc à la reunion d’une bonne quarantaine de personnes, la plupart chasseurs, en treillis, avec leurs enfants parfois, en treillis eux aussi, qui viennent tirer sur des cibles de papier dans l’espoir de gagner un jambon, une dinde ou de l’argent. C’est évidemment une expérience très enrichissante pour moi et je ne me prive pas pour mitrailler moi aussi, avec MON Canon, parfaitement, et me renseigner sur les pratiques locales. Je n’ose aborder le sujet du racisme mais je remarque néanmoins qu’il n’y a aucun black dans cette joyeuse et bruyante (rapport aux fusils…) assistance…
Enfin, tout le monde est aux petits soins avec moi et comme la pluie commence à tomber vers 21H30 (heure avancée de la nuit pour mon rythme actuel, qui l’eût cru ?), ils arrêtent les pan-pans et je peux enfin aller me coucher. Je me suis apercu, au cours de cette soirée, que j’étais probablement allergique aux armes à feu… En effet, à chaque détonation, je sursautais… Mais vraiment, même si je les voyais tirer dans la direction opposée à la mienne, et même si la détonation n’était nullement une surprise, je sursautais quand même… Heureusement qu’ils ont eu la bonne idée de m’exempter du service militaire à l’Armée… Tiens, je suis sûr que ça va vous amuser de savoir pourquoi on m’a exempter : je vous l’donne en mille Emile, pour un problème au genou droit… Eh oui, vu que j’ai 2 vis de 4,5 et 5 cm au niveau du genou, ils m’ont laissé tranquille…
Bon, je repars le lendemain matin en direction du sud-ouest pour une nouvelle journée sous le soleil. C’est quand même vachement agréable de rouler sous le soleil sur de petites routes de campagne… En fin de journée j’arrive sur le lac Greenwood, que je traverse, et me trouve un jardin où camper... Mais pas n’importe quel jardin... Celui de Patrick et sa famille. En fait, il s’agit d’une famille en train de fêter l’anniversaire de l’un d’eux : Brandon (si je me rappelle bien...). Il y a Patrick, bien sûr, le proprio de la maison dans le jardin de laquelle je campe. Il est complètement bourré mais m’a à la bonne et se montre particulièrement sympathique avec moi. Il y a sa femme : Heather, le frère de sa femme, le fameux et sympathique Brandon, la femme de celui-ci, Shannon, je crois et le père de Brandon et Heather : Rooster (c’est son surnom). Ce dernier vient d’Alhabama et se définit lui-même comme un ‘redneck’. Il est malgré tout assez drôle et je passe une étrange soirée parmi ces gens avec qui j’ai VRAIMENT très peu en commun (si ce n’est quelques gènes généraux du genre humain…) mais qui m’accueillent comme si je faisais partie de la famille… Bon, cette fois encore, je me dis que ça se serait peut-être passé autrement si j’avais eu la peau un peu plus basanée, les yeux et les cheveux moins clairs…
Le lendemain, une surprise m’attend. En effet, cette nuit, il a gelé. C’est donc mon baptême du gèle dans cette configuration tente/sac de couchage kiperséplumes. Apparemment c’est bon… Le thermomètre pourrait descendre plus bas sans problèmes. C’est bon à savoir.
Je repars en direction de la Géorgie que j’atteins dans l’après-midi après avoir traversée le fleuve Savannah qui ressemble plus à un lac qu’à un fleuve. Décidément, ces ricains, il faut toujours qu’ils fassent tout plus grand que les autres…
Ce soir, j’opte pour la tranquilité. Finis les concours de tir ou les anniversaires chez les rednecks. Je me trouve un petit vieux qui vends des vélos retapés pour squatter une petite place de son terrain. Et puis je vais me coucher car demain une GROSSE journée m’attend. Je dois me faire une étape d’environ 150 Km.
Et c’est partie ! Cette nuit encore il a gelé, mais je dois quand même réussir à sortir de la tente et décoller avant 8H. Et je peux vous dire qu’au petit matin, par ces températures, ce n’est pas le plus facile…
Ensuite, je pédale comme un dingue en direction d’Athens que je traverse avant même qu’il ne soit 10H. Le reste de la journée est une lutte inégale entre le vent et moi… Je dis inégale parce que c’est moi qui gagne… ;-) En effet, après 157 Km, dont environ 120 CONTRE le vent, j’arrive ENFIN à destination, de nuit mais quand même !
Je suis accueilli chez Becky et Stephen, La soeur d’Erin, et son mari, dans leur magnifique maison d’Holly Springs, à environ 70 Km au nord d’Atlanta.
Voilà voilà pour les dernières nouvelles.
J’imagine que la prochaine fois que vous entendrez parler de moi, je serai sous un soleil tropical à siroter une agua de coco parmi mes amis les anti-castristes… Tout un programmeEn attendant, petit bonus pour vous, bandes de veinards...
Voici The dessin que Damien, vous vous souvenez, le copain de Flore, chez qui je squattai jadis, il y a un peu plus de 2 mois, tout au début de ce voyage, à Montréal. Je vous avais dis que le gars était un dessinateur de talent. Eh ben il m'a fait un dessin de moi rien que pour moi que je suis trop contente que je vous le montre...
Notez le T-shirt Cobra... Trop la classe, non ?
En attendant, vous pouvez retrouver (et je vous y invite violemment) les productions graphique de Damien à l'adresse suivante : http://2douvrelesvannes.blogspot.fr/
Faites passer le message !