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Les Etats-Unis (3)

New-Yoyork avec toi !

Long time no heard from the gars Yoyo, n'est-ce-pas ? Le dernier message remonte aux chutes du Niagara, il y a presqu'un mois de cela. J'ai parcouru tellement de kilomètres depuis et vu tellement de choses que ça me paraît une éternité. Et comme j'espère que vous attendez mes messages avec impatience, j'ose supposer que cette éternité a été partagée...

 

Je repars donc de Niagara et traverse immédiatement le pont pour rentrer de nouveau aux Etats-Unis. Aucun problème de formalités et je me retrouve dans l'état de New-York. Je sors de Niagara sous un temps de chiottes qui s'améliore au fil de la journée. Je termine néanmoins épuisé après 90 km. J'ai vu une grange arborant le drapeau arc-en-ciel et me suis dis que je trouverais plus facilement de la tolérance chez ses proprios... Bingo ! Le bonhomme qui habite là est fort sympa et me laisse évidemment camper dans son jardin. Il me montre son saule pleureur vieux de plus de 200 ans, si gros qu'il faut une quinzaine de personnes se donnant la main pour faire le tour. Impressionant !

Je repars le lendemain et doit vite affronter une petite pluie qui va finalement durer toute la journée. je traverse Rochester complètement trempé et termine finalement à la sortie du village de Phelps. Les gens qui me laissent camper dans leur jardin font une très bonne action car la nuit est en train de tomber et je ne sais vraiment pas où aller. Mon réchaud fait des siennes et je ne peux même pas m'en servir pour sécher mes affaires. Bref, c'est un peu la lose...

 

Dans un élan de désespoir sans précédent, je décide de m'arrêter à Syracuse demain soir et de loger à l'hôtel ! Oui, parfaitement, à l'hôtel ! Et tant pis pour le mythe de l'aventurier qui s'écroule auprès de certain d'entre vous... J'en ai marre de la pluie et de l'odeur des chaussettes mouillées qui sèchent dans ma tente et que je ne peux même plus faire sécher dans ma casserole sur mon réchaud le matin

Je me lève donc le matin sous une pluie toujours omniprésente mais avec la satisfaction de savoir que ce soir, dans 120 Km, je serai au chaud et au sec. La journée de vélo est pire qu'hier car je crève 2 fois et la pluie rend la chaussée glissante et donc un peu dangereuse. Malgré tout, j'entre dans Syracuse vers 20 heures, à la nuit tombante. Je rejoins l'hôtel repéré sur Internet. C'est une auberge de jeunesse à 20 $ la nuit, ce qui est très correct pour ici.

 

Comme ma roue arrière est en train de (déjà) rendre l'âme (un rayon est tellement tendu qu'il est en train d'arracher l'intérieur de la roue !), j'ai décidé de rester une journéee complète sur Syracuse. Je peux donc visiter la ville (rien d'exceptionnel, de mon humble avis), et m'occuper de ma roue. le gars du bikeshop et adorable. Il me fait une réduc et me monte la roue qu'il vient de me vendre.

Je repars le jour suivant de Syracuse en direction de Boston. En effet, j'avais prévu de ne pas aller à Boston pensant que je n'en aurais pas le temps avant de me rendre à New York (RDV avec Cécile le 15 octobre). C'était sans compter sur la renaissance de mes genoux bioniques et mon rythme de malade : environ 120 Km par jour roulé ! J'ai donc le temps d'aller à Boston et j'en suis ravi.

Les étapes entre Syracuse et Boston sont plutôt cools.

Il fait. beau et le nord des Apalaches (que je traverse) ressemble plus à de grosses collines qu'à des montagnes.... Un peu comme la Creuse... Les couleurs des arbres sont chaudes et je trouve facilement des fermes ou des maisons près desquelles on me laisse planter la tente. Bref, le bonheur cyclotouristique.

J'arrive donc sur Boston après 4 jours sous le soleil et après avoir traversé Albany, la grosse ville du coin, en compagnie d'un cycliste autrichien croisé sur la route.

Faute d'un plan hébergément, je dois me résoudre à une auberge cher, pas top top, en dans un quartier moche à une demi-heure du centre à vélo. Tant pis, je visite un peu demain matin et repars dans la foulée.

 

C'est donc ce que je fais ce matin, le fameux liberty trail qui évoque au détours des rues et autres monuments les prémisces et grands évènements de la guerre d'indépendances que les treize colonies originelles menèrent contre la couronne britanique.

Je repars ensuite en direction de Plymouth. Mais pourquoi Plymouth me direz-vous ? Bonne question, vous répondrai-je ! Eh bien, parce que c'est là-bas que le Mayflower, l'un des premiers bateaux remplis de colons cherchant une vie meilleure et une plus grande tolérance religieuse ont débarqué en 1620. Aujourd'hui Plymouth est une jolie bourgade touristique où l'on peut voir une réplique du bateau : Le Mayflower II, ainsi que The Rocher sur lequel ils ont posé le pied en débarquant. Bon, le bateau, d'accord, c'est plutôt intéressant. Euh.. le rocher, par contre, y a un léger abusage sur les symboles... (avant que vous ne m'incendiez de commentaires plus ou moins réprobateurs, OUI je sais qu'on dit 'abus' et pas 'abusage', c'était juste pour le style... Vous êtes contents ? vous avez tout gâché...)

Bref, je repars avant la tombée du jour mais me retrouve tout de même à sonner chez des gens une fois la nuit tombée pour demander un carré d'herbe dans leur jardin. Jusqu'à présent, au pire du pire, le proprio m'inventait une pauvre excuse du type 'j'ai un chien en liberté sur mon terrain, vous ne pouvez donc pas camper sur mes 50 hectares...' pour me dire gentiment de tenter ma chance ailleurs, mais c'était le pire du pire. D'ailleurs, dans la majorité des cas on me laisse camper du premier coup. Sauf cette fois-ci. Le gars sort de chez lui en gueulant, en m'insultant,  et en me menaçant physiquement (il s'approche très près de moi en forçant la carrure de ses épaules). Je lui dis de se calmer et que je m'en vais et qu'il n'a pas besoin de s'énerver et que je suis désolé de l'avoir dérangé et que je m'en vais et que 'voulez-vous me reposer par terre tout de suite, si, si, j'insiste...'

 

Bon, il a facile 55 balais mais je ne veux vraiment pas avoir à me battre avec lui. D'abord parce que je ne suis pas ici pour me battre, ensuite parce qu'il pourrait gagner (le con !), et enfin parce qu'il est plus grand que moi et que je ne tiens pas à déroger à l'un de mes principes de vie les plus anciens : 'ne jamais se battre avec un plus grand que soi'.

 

Je repars finalement en évitant noblement le combat... Ceci dit, je suis un peu choqué de cette réaction alors que je n'ai fait que trois pas sur sa pelouse pour frapper à sa porte à 18H30... Oui, on est dans l'Est et la nuit tombe très tôt.

 

Le bonhomme suivant,  un kilomètre plus loin, est bien plus sympa, même s'il me fait le coup du chien en liberté. Il me conseille néanmoins une église à 5 minutes d'ici. Je suis son conseil avec bonheur puisque le curé (église catholique !) y est fort accueillant, alors qu'il n'est même pas irlandais et que ça fait un moment que j'ai du poil au menton et le droit de vote...

Le lendemain je repars assez tôt et quitte le Massachussets pour entrer dans Rhode Island, petit état maritime et très riche du coin...  Je dois vous dire que Rhode Island n'est pas très 'bicycle friendly' comme on dit ici. Je prends la route numéro 1, celle qui longe la côte, en direction de New Haven, ma prochaine et dernière étape avant New York City. Malheureusement, en sortant de Newport, je me retrouve coincé par un pont interdit aux vélos. Je n'ai pas le choix, je dois faire du pick-up stop. Heureusement, un gars sympa nous embarque, mon vélo et moi. Il y a un deuxième pont un peu plus loin, lui aussi interdit aux bicycletteux. Pas de problème, mon chauffeur du jour me le fait également traverser. Trop cool ! Je termine ma journée dans le jardin d'un jeune couple avec deux enfants en bas âge. Ils sont très prèvenants.

Le lendemain, je repars en direction de New Haven où je devrais être ce soir si j'arrive à m'avaler une cent-vingtaine de kilomètres contre le vent et deux énormes ponts. Cette fois-ci, Connecticut oblige, les ponts possèdent un trottoir où je peux circuler. Le vent, lui, me fait toujours autant suer mais l'envie d'arriver me donne les jambes pour le braver et c'est vers 18 H que je débarque chez Annie Hemminway, une petite cousine de Cécile qui vit à New Haven.

Elle m'accueille comme un roi et je profite de la journée suivante pour me redonner un aspect présentable, tant sur le plan hygiènique que pillaire... Il faut dire que c'est demain que je retrouve ma chérie à New York.

 

Bon, arrivé là commencent nos vacances de 2 semaines, à Cécile et moi, et je ne vais évidemment pas vous les raconter. Pour info, nous sommes restés 6 jours à New York City, 2 jours à New Haven (toujours excellemment accueillis par Annie), 2 jours à Philadelphie et 4 jours à Washington. Comme en plus il a fait souvent beau on a pu en profiter à fond.

 

Puis, ce matin, Cécile est repartie de Washington en bus pour se rendre à New York afin de prendre l'avion du retour.

 

De mon côté, j'enfourche mon vélo, après 2 semaines de pause, sous un ciel bleu mais venteux et par de fraiches températures. 

 

Le 'mais' de la phrase précédente, vous l'aurez compris, signifie que le vent est contre... Ça aurait été trop beau... Comble de misère, dans une descente sur un piste cyclable en sous bois, je glisse sur une flaque de boue cachée par des feuilles mortes. Résultat : une nouvelle rotule apparaît sur ma rotule droite. Je mets des glaçons dessus rapidement et repars dans la foulée de peur de ne plus pouvoir pédaler si j'attends trop longtemps...

 

Finalement j'arrive à pédaler encore 50 Km avec mon double genou et trouve finalement un terrain ou camper à la sorti de Warenton. Je ne sais pas quelle tête aura mon genou droit demain et si je pourrai reprendre la route, je verrai bien... Et moi qui m'apprêtais à vous rassurer définitivement concernant mes genoux... M'enfin... 

 

Ce matin la dame de la maison du jardin où je campe m'invite à petit déjeuner des pancakes aux myrtilles qu’elle a préparé pour l’occasion. Le problème c’est que l’on se retrouve à faire la prière avant le repas our remercier le petit Jésus de lui avoir donné la recette des pancakes aux myrtilles. Je n’oppose pas mon scepticisme antireligieux à ce petit rituel car après tout elle a eu la gentillesse de me laisser camper chez elle cette nuit et de me faire un bon petit déj ce matin…

Je repars en la remerciant et en priant, cette fois ci les dieux de la médecine et du sport : Lance Armstrong et Alberto Contador, que mon genou droit veuille bien fonctionner aujourd’hui. Miracle, Alberto le biftek et Lance la seringue m’ont entendu, ça roule…

 

Ça roule meme tellement bien que je vais me grimper les 900 mètres de dénivelé du Skyline Drive pour me retrouver, le jour finissant, sur cette fameuse route des crêtes don’t tout le monde m’a dit le plus grand bien… 

 

C’est difficile, se grimper une basse montagne sur un genou et demi, mais les arbres multicolores et la lumière du jour qui se termine me font passer cette douloureuse pilule. Une fois là-haut j’assiste meme au coucher du soleil sur la vallée de la Shenandoha River.

 

Je poursuis ma route de nuit pendant quelques kilometres afin d’atteindre un camping repéré sur la carte. Je m’attendais à un camping Presque sauvage, sans électricité ni eau courante, juste avec un bonhomme qui passerait le matin pour dire : “ehm oh, faut raquer maintenant” (si si, ça existe, j’en connais un comme ça, sauf qu’il y a l’eau courante, aux îles Lofoten en Norvège…). Mais non, au contraire, il y a du monde, des feux de camp et une cahute avec des rangers (on est dans un parc national et ce sont eux qui les gerent, sous les orders de Chuck Norris bien sûr) pour m’accueillir et m’indiquer mon emplacement. Il y a également une grande pièce dans une maison de bois avec une cheminée, Internet et un gars qui joue Les Beatles à la guitare… Bref, tout ce qu’il me faut pour passer une excellente soirée et consoler un peu mon genou gauche de ne pas avoir une aussi grosse tête que mon genou droit…

 

D’habitude, j’enchaîne avec des débuts de phrase du type : “Le lendemain” ou “Le jour suivant”, mais cette fois-ci je m’attarderais un peu sur la nuit. En effet, cette nuit, sous le vent qui secouait les branches des arbres et les feuilles mortes, j’ai clairement distingué le pas lent mais assure d’un quadrupède omnivore de taille souvent respectable et de griffes souvent un peu trop longues… Oui, un ours est passé à une dizaine ou une quinzaine de mètres de ma tente (voilà qui ne va pas faire plaisir à ma mère…). Bien sûr, poliment, je suis un garcon bien élevé (voilà qui va faire plaisir à ma mère…), j’avais suivi les consignes de sécurité et enfermé ma nourriture dans la grosse caisse métallique prevue à cet effet. Mais tout de meme, je dois dire que je n’étais pas très rassuré…

Enfin, l’ours n’est pas venu me chercher dans ma tente pour une partie de chat et souris option indigestion, et je peux donc repartir tranquillement ce matin sous un superbe ciel bleu, à travers les bois jaune-orangés,

 

en direction du sud. La route des crêtes oscille entre 1000 et 1200 mètres d’altitude sur les prochains 25 kilomètres. Ensuite, c’est la descente.

 

Comme je compte me rendre à Charlottesville ce soir, je dois redescendre de mes hauteurs Skyline Drivienne. C’est pour moi l’occasion de tester le profilage de mon vélo, de mon casque, en bref, de tout mon équipement, pour atteindre la fulgurante vitesse de 65 Km/h, bien loin, somme toute, de mon record personnel de 82,4 établi au début de ce voyage dans un pays où ils n’ont pas peur du dénivelé : Le Canada. Enfin, ce soir, j’arrive à Charlottesville où je suis accueilli par une amie d’une amie de Cécile : Solene (et Ari son mari). Ils sont extrêmement sympathiques et leur accueil sera forcément un bon souvenir.

 

Demain je repars en direction du sud. Atlanta est la prochaine grande ville que je traverserai et d’où j’essayerai de vous donner des nouvelles.

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