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Le Panama

Un pont et un canal américain.

La sortie du Costa Rica est plutôt rapide mais, malheureusement, je me retrouve derrière le contenu touristique et vaguement humain  d'un bus de touristes. Résultat, le passage de la frontière me prend en tout 2 heures. Je suis dégoûté de ce retard. En effet, je suis actuellement un peu pressé par mon obligation d'être de retour à San Jose le 21 janvier, dans environ une semaine. Comble de malheur (enfin, n'exagérons rien, je suis déjà au Panama et à part une glace pas très fraîche au Honduras, il ne m'est rien arrivé de facheux...), à peine sors-je des bureaux de l'immigration panaméenne qu'un torrent s'abat sur la région et, accessoirement, sur moi... Comme je n'ai pas vraiment le choix, je me résigne à affronter la pluie pour atteindre la ville de David ce soir.

 

Après 2 bonnes heures et demi à alterner entre le pluie et le soleil, je suis à David, dans un autre hostel economico. La fille qui est de service ce jour là me saoule un peu, mais bon, je fais preuve d'une patience et d'une sagesse digne d'un sage de 36 ans et je ne finis même pas par l'insulter comme cela m'aurait bien soulagé de le faire...

 

L'évènement du jour suivant, outre les 154 kilomètres parcourus (contre le vent sur une bonne partie...) est le tournoi de lasso auquel j'ai le plaisir d'assister au bord de la route seulement une cinquantaine de kilomètres après David. Les gens sont très sympas avec moi et l'un des organisateurs me propose même d'essayer un de leurs chevaux. Je refuse évidemment cettre gentille mais périlleuse invitation ne sachant absolument pas manier le lasso et ayant toujours en mémoire le souvenir de galops effrayants au Mexique en 2006 lors d'une balade supposée peinarde. Les compétiteurs, quant à eux, sont d'un niveau excellent et certains mettent à peine 3 ou 4 secondes pour attraper les pauvre veau effrayé que l'on vient de lacher devant lui.

Je repars tout de mème assez vite car je souhaite parcourir un maximum de kilomètres aujourd'hui. Mission accomplie en toute fin de journée, de nuit, lorsque j'arrive à Bisvalles, un peu en retrait de la Panaméricaine et où je me pose pour la nuit.

 

Les deux jours suivants sont tellement consacrés au vélo que je ne prends pas vraiment le temps de prendre des photos si ce n'est quelques oiseaux sur une plage...

 

Au terme de la première journée je suis à Penonomé, une ville assez importante du Panama. 

Au terme de la deuxième, objectif atteint, je suis à Panama City.

 

Malgré tout, il me faut affronter une ultime épreuve : Le Pont des Amériques. C'est le pont qui traverse le début du canal, avant même le port, du côté Pacifique. Il est évidemment énorme mais ne possède pas la fameuse bande d'arrêt d'urgence si sécurisante sous ces latitudes si généreuse avec les documents officiels type permis de conduire... Heureusement, il possède un trottoir protégé par un muret, ouf ! Merde, le trottoir n'est pas vraiment assez large pour que je puisse rouler dessus avec le vélo. Marcher à côté du vélo n'est pas une option non plus. La seule solution pour moi est de marcher en arrière en tirant le vélo, et même comme ça je frotte souvent contre les bords...

 

Et comme si cela ne suffisait pas, au bout d'environ un tiers du pont, le trottoir se termine de manière plutôt abrupte. Je dois passer le vélo de l'autre côté du muret, sur la voie de droite de la chaussée, à un moment sans traffic et enfourcher ma bicyclette en espérant que je ne vais pas me faire écrabouiller par un camion ou un bus si près du but, ce serait trop bête... ;-).

 

Contre toute attente et au mépris le plus total des probabilités, je survis à cette épreuve et entre dans Casco Viejo, le quartier touristique et historique de Panama City.

Je croise alors un couple de français qui sont eux-mêmes en voyage à vélo... Mais comme ils sont un peu relax, ils le font en vélo couché. Après qu'ils m'aient aidé à trouver mon hostel je les rejoins pour faire plus ample connaissance.

 

Il s'agit de Pierre et Laure, deux jeunes gens bien sympathiques qui sont partis il y a une dizaine de mois pour un voyage d'environ 3 ans autour du monde sur deux vélos couchés. Pierre ne manque pas de m'expliquer les incomparables avantages du vélo couché... Ca donne envie d'essayer. Il se trouve qu'il sont sur un projet similaire à celui que Richard et moi avions démarré en 2004 pour notre Paris-Shanghai à vélo. Vous pouvez retrouver tout cela sur leur site : http://enviroulemonde.fr .

Je passe le jour suivant à visiter Casco Viejo et son architecture coloniale délabrée et en réfection depuis une dizaine d'année. Le panorama sur le quartier des affaires me fait réaliser à quel point l'économie du pays se porte bien...

 

C'est très joli tout cela mais même si le Panama semble aujourd'hui profiter des retombées économiques faramineuses du canal et même si cela se ressent dans le niveau de vie général, notamment à la campagne, il y a encore un paquet de quartiers très très pauvres sur la capitale, y compris juste à côté de Casco Viejo.

Je visite également le canal de Panama, l'un des buts de mon voyage. Je dois avouer que je ne suis pas déçu. Le musée, la terrasse pour observer les bateaux passer, tout cela est très bien organisé. J'y apprends une foule de choses très intéressantes. Saviez-vous, par exemple, que les chantiers navals respectent une norme maximale pour construire les bateaux qui devront emprunter le canal, un norme appelée Panamax. La longueur maximum d'un bateau Panamax est de 294,1 m et, plus important, sa largeur : 32,3 m. Or, si la longueur de l'écluse que je visite (Miraflores) est de 320 m et laisse donc de la marge pour ouvrir les portes, la largeur de cette écluse est de 33,53 m. Ce qui signifie que lors du passage d'un bateau Panamax dans cette écluse, il reste environ 60 cm de chaque côté pour pas que le bateau ne frotte contre les bords de l'écluse... Et moi qui me plaignait avant-hier sur le trottoir du Pont des Amériques...

 

Ils construisent actuellement un autre jeu d'écluses plus grandes qui, à partir de 2014 (ou 2016, je ne sais plus) permettront le passage de bateaux de la norme Post Panamax qui pourront transporter trois fois plus que les bateaux Panamax ! Mais je ne vous ai pas expliqué le pourquoi des écluses. Eh bien, il se trouve que le lac artificiel que les constructeurs du canal ont créé se trouve à 23 m d'altitude. Il faut donc monter les bateaux de 23 m au dessus du niveau de la mer et les redescendre une fois le lac franchi. Il y a donc trois jeu d'écluse de chaque côté, Pacifique et Atlantique. Comme le disait en plaisantant le commentateur du musée, les bateaux ne passent pas à travers l'isthme de Panama, mais par dessus...

 

En tout cas, je ressors ravi de cette visite.

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