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Les Etats-Unis (10)

LA CAAAAALIIIIIIIFOOOOOOORNIIIIIIIIIIIE (Paroles de Julien Clerc - musique de Roda Gil...)

Je parcours 130 bornes et me tente pas trop loin de l'autoroute, mais tout de même assez en retrait pour être bien discret. 

 

Le lendemain je continue vers l'ouest, en passant par Baker. Je ne sais pas pourquoi, mais il semble qu'il y ait un truc à Baker, un peu comme à Roswell, avec les estra-terrestres... 

 

Et je continue avec une énorme côte entourée de paysages très semblables à ceux que j'avais pu observer en Iran et au Pakistan, notamment près de la frontière afghane.

 

Malheureusement, une fois le col franchi, ça ne redescend pas vraiment, mais en plus le vent redouble et devient un sérieux problème. Je n'avance plus qu'à 12 à l'heure alors que je force comme un dingue sur mes pédales et que je suis en légère descente. Malgré tout, ne trouvant pas d'endroit satisfaisant pour poser ma tente, et redoutant également le vent qui est cette fois-ci proche de la tempête, je choisis de poursuivre jusqu'au prochain village où je trouverai un motel afin de passer la nuit à l'abri. Vers 22h, j'arrive enfin à Yermo, un village près de Barstow. J'y trouve un motel et m'y écroule totalement vidé par le titanesque combat que je viens de mener contre le vent. Pour info, le vent, d'ouest, donc de face, est à 60 à l'heure avec des rafales à 100... Pour vous dire, à un moment, j'hallucinais tellement que j'ai fait une expérience. Sur du plat, j'ai mis mon vélo dans le sens du vent (demi-tour, donc) et, à l'arrêt, assis sur la selle, j'ai levé les pieds pour constater que, miracle, j'avançais tout seul. Le vent me poussait assez pour me faire démarer mon vélo chargé. La suite de l'expérience m'amena à atteindre les 16 Km/h sans pédaler. Oui, 16 Kmh SANS pédaler ! C'est juste hallucinant. Cela veut tout simplement dire que si je veux rouler à 10 Km/h, il me faut fournir les mêmes efforts que pour rouler à 26 Km/h en temps normal (sans vent). C'est ouf je vous dis !!!

Le lendemain, le gars du motel a la gentillesse de m'emmener en pick-up à Barstow. Comme le vent est toujours aussi fort, et comme mes jambes sont toujours aussi vides, je tente de faire du stop. Je passe donc une bonne partie de ma journée au pied d'un feu rouge qui menace à tout instant de me tomber dessus, rapport à la tempête... Malheureusement, je fais chou blanc et me retrouve à finalement tenter le camping. Il faut dire que le vent se calme un tout petit peu en soirée.

 

Le lendemain matin, j'entrevois une fenêtre pour m'échapper de Barstow car le vent a baissé d'intensité et mes jambes vont mieux. Je prends donc la route et déchante assez rapidement. Quoiqu'il en soit, je tiens vraiment à sortir de cette vallée et arriver dans la banlieue de Los Angeles ce soir. Notamment parce que m'y attend le cousin de Sabine. Je pédale donc comme un damné et parvient à me hisser en haut du dernier col avant d'entamer la descente que même le vent ne peut m'empêcher de dévaler à toute vitesse. Arrivé en bas j'ai la bonne surprise de m'apercevoir que le vent ne souffle presque pas de ce côté-ci, et tant mieux !

 

Il me faut encore traverser quelques zones industrielles avant d'arriver sur Corona, le bled où vit le cousin de Sabine : Ivan Ostarcevic, policier de son état. Comme il habite de l'autre côté et bien en dehors de la ville, et comme je viens de parcourir plus de 150 bornes, dont une bonne partie contre le vent, je ne peux plus trop me dépêcher et j'arrive donc chez aux à 22H30... Cela ne fait rien, je suis reçu comme si j'étais un membre de la famille.

 

Le lendemain je me repose, car je le vaux bien, et surtout, je le mérite bien. Et le jour suivant, je vais visiter Los Angeles. Enfin... plutôt Hollywood, car c'est là que je passe le plus de temps, sachant que le centre ville de Los Angeles n'a pas un intérêt extraordinaire. Ceci dit, les étoiles sur le trottoir ce n'est pas non plus inoubliable, mais bon, je suis content d'en voir certaines...

 

Et puis, évidemment, j'en profite pour mitrailler la colline... 

 

Un petit coucou à Shrek, grandeur nature, et me voici reparti en direction du centre ville. Je traverse un joli petit parc avec de nombreux canards et même des colibris...

Je passe ensuite rapidement dans le centre avant de rentrer chez Ivan.

 

En tout cas, je viens de passer deux jours bien sympas chez les Ostarcevic de Californie et je suis vraiment enchanté de l'accueil qui m'a été réservé. Ivan, c'est le gars mastok avec ses deux filles et sa femmes sur la photo. Il a été joueur de basket professionnel en Croatie, en Israël et je ne sais plus trop où. Maintenant il est flic à Covina, une petite ville de la banlieue de Los Angeles. D'après lui, ça se passe bien... Tant mieux, non 

Le jour suivant, je quitte cette sympathique famille pour une étape à travers la banlieue sud de L.A. Il semblerait que j'aie bien choisi mon itinéraire car j'ai manifestement évité les quartiers craignos... Tant mieux, non ?

 

Et le soir je suis à Venice, tout près de Santa Monica, tout près de la plage également. Mon hostel est pourri et crade (et pourtant, je vous assure que mon seuil de tolérance est très ouvert...) mais comme il n'est pas cher, je ne dis rien...

Et le lendemain je repars, le long de la plage, toujours contre le vent, en direction de Ventura. Ce n'est pas très loin, mais j'y ai trouvé un hôte Warmshowers (vous vous rappelez ? Le site des gens qui soutiennent les cyclorandonneurs en les hébergeant gratos...). Je suis chez Dan et sa femme en début de soirée. Ils sont, comme toujours avec Warmshowers, très sympas. Lui est à la retraite et elle est artiste peintre. Après le bon repas qu'ils m'ont concocté, c'est dodo car demain j'ai encore pas mal de bornes...

Le lendemain matin, Dan propose de m'accompagner sur une trentaine de kilomètres. C'est très gentil de sa part et c'est une très bonne idée car il peut ainsi me montrer les raccourcis et les pistes cyclables. En plus, comme il roule assez vite avec son vélo couché, cela me pousse à forcer un peu sur les pédales et il en résulte un avalage des 30 premiers kilomètres de la journée, contre le vent, toujours, en moins d'une heure et demie. Il fait ensuite demi-tour et me laisse avec mon pote Eole...

 

Mais bon, il est encore tôt et il ne me reste qu'une grosse centaine de bornes, donc, ça devrait aller. D'autant qu'en cours d'après-midi, le vent tourne complètement et se met à me pousser... Sensation divine... Côté paysages, je suis sur une route qui longe la voie ferrée le long de basses montagnes verdoyantes qui plongent dans l'océan Pacifique. On peut dire qu'il y a pire pour faire du vélo. Surtout qu'il fait beau !

 

En toute fin d'après-midi, je suis chez Joe Serna et sa femme, à Buelton.

Tout comme mes hôtes d'hier, ils sont charmant et me traitent également très très bien. Joe met tout son atelier à disposition pour me permettre de refaire une jeunesse à ma bicyclette. Que du bonheur ! En plus, comme il est électronicien, il me répare même le dock de mon Archos qui était un peu cassé... Trop d'la balle. Et le lendemain matin, je quitte la famille Serna en la remerciant chaleureusement pour ce superbe accueil.

 

Aujourd'hui, c'est encore une grosse journée en termes de vélo et de kilomètres. En effet, déjà que l'étape en elle-même est supposée être assez longue, voilà que les ponts et chaussées s'en mêlent en m'interdisant, ainsi qu'aux autres cyclistes (mais ça je m'en fiche un peu... ;-) l'accès à la route principale sur différents tronçons. Je dois donc maintenant emprunter des routes secondaires qui, si elles ont le mérite d'être plus jolies, n'en sont pas moins plus longues. Me voici d'ailleurs au milieu des vignobles, à passer devant d'innombrables exploitations où l'on propose invariablement des dégustations de pinard...

 

Enfin, je continue mon long mais bucolique périple en direction de Los Osos où m'attend mon troisième foyer Warmshowers en autant de jours.

J'y suis en fin de journée, une fois de plus, complètement vidé. Il faut dire que ces derniers temps, jenchaîne les étapes un peu Olé Olé... Heureusement, le couple qui me reçoit, George et sa femme, sont encore plus aux petits soins pour moi que les précédents, et ce n'est pas peu dire. Ils m'apprennent également que la route qui mène vers le nord, le long de la côte, celle que je souhaite emprunter, notamment parce que tout le monde me dit que c'est magnifique, eh bien cette route est fermée pour cause de glissement de terrain. Heureusement qu'ils me le disent parce que ça ne m'aurait pas plu d'avoir à faire demi-tour après une grosse journée à lutter contre le vent...

 

Je repars donc pour deux nouvelles étapes contre le vent en direction de Monterey. La sortie de Los Osos est bien jolie.

 

Je dis "deux étapes" parce qu'à part la bonne montée du début de la première journée, le reste est vraiment similaire dans ces deux étapes. Je roule contre le vent, dans un bassin sédimentaire, le long d'une rivière qui descend insensiblement vers Monterey. D'ailleurs, plus l'on s'approche de Monterey, plus les champs deviennent évidents dans le paysage.

 

Et puis plus tard dans la journée, juste avant d'arriver à Seaside, chez mes nouveaux hôtes Warmshowers, je franchis un seuil kilométrique symbolique pour moi. en effet, mon compteur finit par indiquer 19211 Kms au total. C'est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup... Ca veut dire que j'ai dores et déjà parcouru une plus grande distance que lors de mon dernier voyage à vélo lorsque, jadis, je ralliai Paris et Shanghaï sur une ruine que j'osais appeler un vélo... En tout cas, je suis content et pas peu fier...

 

Peu après, je débarque chez Nicholas et Kathie. Une fois n'est pas coutume, ils sont jeunes ! C'est un couple de jeunes américains originaires du Wisconsin. Ils sont résolument écolos et à l'opposé de l'image que l'on se fait des citoyens américains en général, au niveau des comportements consuméristes je veux dire...

Ils m'accueillent évidemment très bien et je profite de leur gentillesse pour me prendre un jour de repos bien nécessaire.

 

Le lendemain, je repars en direction de San Francisco où je serai dans deux jours.

 

Le point d'orgue de cette journée de vélo sera la traversée de Castroville qui n’est PAS la ville de Fidel mais bien la capitale mondiale, et je dis bien MONDIALE, de l’artichaut.

 

Le soir même je suis chez une autre hôte Warmshowers à Santa Cruz, dans une maison regroupant ce que certains appelleraient aujourd’hui des punks mais qui, il y a quelques décennies, auraient plutôt été qualifiés de Hippies, surtout si près de San Francisco... 

Le lendemain est une horrible journée de vélo ensoleillée mais CONTRE un vent fort et constant. Ceci dit, en fin de journée je suis ENFIN à San Francisco. Cette arrivée dans la ville des collines est un peu comme une première fin de mon voyage. En effet, Cécile me rejoint demain ici et ensemble nous allons passer deux semaines à faire du tourisme en Californie. Ensuite, je devrai prendre des bus pour me rendre à Yellowstone et à Vancouver. Seulement alors je reprendrai le vélo pour vraiment terminer mon voyage en beauté à travers les Rocheuses Canadiennes avec pour destination finale Calgary en Alberta.

 

Quoiqu’il en soit je suis content d’être à San Francisco. Je mets un point d’honneur à ne pas commencer à visiter la ville tant que Cécile n’est pas arrivée. Je remarque tout de même le nombre inhabituel de marginaux, clodos, locos, aux coins des rues, devant magasins et restaurants, faisant la manche. J’apprendrai le lendemain, grâce au fameux guide du froussard, que sous la gouvernance d’un certain cowboy-acteur-futur-président-du-monde, Ronald Reagan, la Californie avait supprimé un bon paquet d’aides sociales heurtant ainsi de plein fouet les asiles de San Francisco en fermant de fait une grande partie et rejetant les patients à la rue… Vive l’ultra-libéralisme… Youppie !!!

 

Je n’attends qu’une seule journée avant d’accueillir Cécile à l’aéroport. Evidemment, comme pour New-York et le Costa Rica, je ne vais pas vous raconter mes vacances avec ma douce, mais, si vous êtes sages, je peux vous mettre quelques photos. D’abord San Francisco, une ville vraiment unique (bien que me rappelant Valparaiso au Chili par certains aspects…).

 

A commencer par le réseau de funiculaires sur les collines, avec l'île d'Alcatraz en arrière plan (que nous visitons également...). Un match de baseball, les Giants de San Francisco battant je ne sais plus quelle équipe (il faut dire qu'ils sont champions en titre !!!). Et bien sûr, le Golden Gate Bridge. Mais j'allais oublier les animaux, avec une mention spéciale pour les colibris dans la ville...

Ensuite, la location d'une voiture nous permet d'aller visiter dans l'ordre :

 

la Vallée de la Mort, ses formations rocheuses multicolores, son ciel bleu ciel, et quelques jolies ombres nuageuses sur les colline. Et j'allais encore oublier les oiseaux... Et notamment le runner...

Puis Sequoia National Park où nous pouvons admirer le plus grand être vivant au monde, le fameux Général Sherman, ainsi que quelques ours dont l’un broute paisiblement pendant qu’une demi-douzaine de touristes le mitraille au Canon… (ou au Nikon, Sony ou tout ce que vous voulez, mais avec Canon c’est mieux pour le jeu de mots…).

Pour finir, enfin, nous avons visité le parc national de Yosemite et malgré la neige le premier jour, nous y sommes retournés le deuxième jour et avons pu profiter de ce lieu exceptionnel et même carrément magique.

Une fois revenu sur San Francisco, et avant le départ de Cécile, nous allons faire un tour sur la côte Pacifique, à une centaine de kilomètres au nord de la ville, vers Bodega Bay. C'est très joli et nous allons même voir le bled (et notamment l'église) dans lequel fut tourné le film "Birds" par Hitchcock.

Cécile est repartie le 21 au soir et moi, quelques heures plus tard, le 22 à 1 heure du mat, j’embarquais dans mon premier bus Greyhound (un peu les rois du transport routier de passagers en Amérique du Nord) en direction de Yellowstone. En théorie j’en ai pour 34 heures, mais bon, on ne sait jamais… En tout cas, ça ne commence pas très bien puisque le gars derrière le guichet, à l’enregistrement, n’accepte pas mon vélo tel que je l’ai préparé… Pourtant je l’ai réduit à un petit paquet de plastique à grosses bulles avec des poignées en gros scotch et tout et tout… Mais non ! Le gars ne veut rien savoir et m’oblige  à acheter une boite en carton (pas cher, 10 Dollars). Une fois le vélo dans la boite, le fameux préposé aux trucs chiants m’informe que je dois payer 30 Dollars pour le vélo et que c’est Greyhound qui prend en charge mon vélo, notamment aux correspondances. Bon, c’est un peu embêtant cette histoire de surcoût, mais au moins, je suis tranquille pour les changements de bus, je n’aurai pas à m’occuper de la grosse boite… Ma tranquillité n’est que de courte durée. En effet, lors de ma première correspondance, à Salt Lake City (les environs sont superbes !), je réalise que je dois moi-même m’occuper de mon vélo et le charger dans la remorque du petit bus dans lequel je monte… Et je ne suis pas au bout de mes surprises… Le chauffeur, un gars sympa, m’explique que pour ma prochaine correspondance, à Rexburg, cela va être un peu compliqué… En effet, dans son programme à lui, son arrêt n’est pas tout à fait à Rexburg même, mais au dépôt de bus de Rexburg, à 15 kilomètres du centre et, donc, accessoirement, à 15 Km de l’endroit d’où repart ma correspondance pour Yellowstone 6 heures plus tard. En gros, sans que personne de Greyhound ne m’en ait informé, je suis sensé me taper une correspondance de 15 Km, dans la campagne, de nuit, entre minuit et 6 heures du matin alors qu’en théorie, pour les bus, les correspondances se font DANS le même terminal… Une histoire de fou !

 

Enfin, le chauffeur étant un chic type, me dit qu’il va m’arranger ça. Il va me déposer à Idaho Falls à 23 H et j’attendrai jusqu’à 2 H du mat un autre bus qui m’emmènera à Rexburg, au bon endroit, où j’attendrai de 3 H à 7 H du matin. Bref, une nuit agitée en perspective. Evidemment, à chaque fois, c’est moi qui me chargerai de la boite de mon vélo… Dans l’histoire je me tape en plus un changement de bus qui n’était pas prévu, ce qui, sur un trajet de 34 H environ, n’est pas spécialement apprécié par l’intéressé. Bref, j’en conclue que Greyhound ce sont des clowns…

 

L’explication de tout ce merdier m’est fournie par le chauffeur qui m’explique que le bus qu’il conduit fait partie d’une compagnie sous-traitante de Greyhound : Salt Lake Express, et qui gère en gros une majeure partie des trajets de Greyhound en Utah, un peu au Colorado, en Idaho et au Montana. Résultat, ces braves gens de Greyhound vendent des billets de bus avec des correspondances de 15 bornes et les paquets dont ils sont sensés s’occuper du départ à l’arrivée cessent d’être pris en charge au beau milieu du voyage. Bref, des clowns… Evidemment, ces apôtres de la concurrence positivement régulatrice mais qui possèdent de fait une sorte de monopole sur tout le nord du continent américain (si ce ne sont pas eux qui opèrent sur un trajet, c’est l’un de leurs sous-traitants…) n’ont absolument AUCUNE considération pour leurs clients. Et je ne vous parle pas de la fausse publicité sur leur site Internet présentant les bus de leur nouvelle flotte comme des summums de confort (WIFI, prise électriques et plus d’espace pour les jambes..) mais dont je commence à douter de l’existence même… En effet, en 34 heures de trajet avec eux + le trajet Yellowstone – Vancouver (une trentaine d’heures si je ne me trompe pas…) + celui que je fais en ce moment (entre Calgary et Montréal – 58 heures… ;-), je n’ai jamais vu UN SEUL de ces fameux bus de la nouvelle flotte. Et pourtant, on s’arrête TRES régulièrement dans des terminaux de bus au court du trajet… Donc, je précise, Greyhound, ce sont des clowns MENTEURS… Désolé pour la comparaison les clowns…

 

Bref, je suis tout de même à West Yellowstone Village le matin du 23. Ouf… 

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