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Le Guatemala (2)

 

Atitlan !

Une fois la frontière franchie, côté Guatémala, c'est une sorte d'anarchie à la Pakistanaise : des centaines de vendeurs ambulants de toutes les conneries de la terre, de contrefaçons et de télécommandes de télés à 2 balles, des taxis et des motos, sans oublier les incontournables changeurs d'argents qui vous accueille de leur plus beau "maille flènde"... L'immigration est une simple formalité et l'on n'essaye même pas de m'arnaquer quelques dollars... Et je continue, tout droit vers les montagnes...

 

Et je rencontre un couple de suisse, il s'appelle Nicolas et elle Florian... Euh... non... ça c'était il y a 5 ans, sur Paris-Shanghaï...(et Florian est un garçon... ;-). Eux, ce sont Evelyne et Martin, très sympas, avec qui je finis la journée de vélo. Nous passons la nuit dans le même automotel.

 

Je repars un peu après eux le lendemain en me disant que je vais les croiser à nouveau un peu plus tard. Cette fois-ci, c'est vraiment la montagne. ça n'arrête juste jamais de monter... Je rattrappe d'ailleurs mes grands suisses et les dépasse en espérant qu'ils me rattrapperont un peu plus tard, à leur tour, lors, notamment, de l'une de mes pauses boissons dans un bouiboui de bord de route...

 

Bon, a priori la montée fut un peu trop longue pour eux et je pense qu'ils se sont arrêtés peu avant le col, dans le dernier bled proposant des hôtels. De mon côté, je franchis le fameux col à 2800 m et débute une superbe descente sur la ville de Cuatro Caminos. Le spectacle grandiose du volcan Santiago dominant la ville me ravit pendant une bonne partie de cette descente d'une bonne quinzaine de kilomètres (il faut dire que j'en ai monté environ 80 aujourd'hui...).

Je passe la nuit à Cuatro Caminos, dans un bruyant hôtel et repars tôt le lendemain matin pour une étape courte mais très relevée... En effet, aujourd'hui, c'est le 3000... L'entrée en matière ne se fait pas attendre et c'est tout de suite une montée sur 25 Km pour enfin passer le 3070 m. Je suis bien content. Surtout qu'en haut le spectacle des volcans du lac est superbe. Lors d'une descente j'aperçois même le volcan de Fuego, au loin, et qui fume, comme ils le disent dans le guide... Trop fort...

 

Et puis, après une ultime montée, je découvre le lac Atitlan, mon but d'aujourd'hui... C'est vraiment très beau. Ca faisait longtemps que je ne m'étais pas pris une bonne claque visuelle comme celle-ci.

 

Et puis, vient le moment qui va définir ma journée... La route que j'emprunte continue de grimper tandis qu'un chemin sur la gauche semble aller dans la direction du lac et commence déjà la descente. N'écoutant que mon instinct, je m'engage sur le chemin, J'y croise deux gars. L'un d'eux me fait d'abord une belle frayeur car son manteau recouvre l'une de ses mains et je me vois sous la menace d'un fusil à pompe dans les 2 secondes... Finalement, c'est parce qu'ils n'a pas d'autre porte manteau et qu'il fait très chaud que son manteau est posé sur sa main... Encore une frayeur de paranoïaque pour rien... Il me dit que le chemin n'est pas bon, qu'il est encombré d'obstacles dûs à des glissement de terrains. L'autre, en revanche, me confirme que le chemin est plus court et surtout plus beau puisqu'on voit le lac alors que de la route non.

C'est décidé. Je prendrai le chemin. Et puis des glissements de terrains, j'en ai déjà vu, c'est juste de la terre en plus sur le chemin, il n'y a qu'à grimper dessus et hop, on est de l'autre côté...

Bon, en fait. les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être... Le chemin, qui commence comme une voie carrossable se rétrécit tout de suite et la pente devient plus sérieuse. La terre fait place à des cailloux, puis, à des rochers... Oui, ici, les glissements de terrain charient des rochers. Je comprends maintenant mieux l'insistance du premier gars concernant la difficulté de ce chemin pour un vélo aussi chargé que le mien. En fait, en VTT normal, bien équipé en termes de pneus et autres amortisseurs, ce chemin est une bonne régalade pour passer une excellente après-midi... Mais chargé comme je le suis sur un VTT moyen ça relève plus du plan galère...

 

Quand ce n'est pas un glissement de terrain c'est le précipice qui m'inquiète. Parfois il y a à peine de la place pour nous trois : le vélo, moi ET le précipice... C'est un peu tendu. Je dois souvent descendre du vélo et marcher à côté, le pousser, parfois même le porter, tellement les obstacles sont nombreux. Le sentier ne fait plus que 20 ou 30 cm de large dans le meilleurs des cas et j'espère ne pas m'être perdu.... Ca me rappelle un plan un peu similaire en Arménie, il y a 5 ans, vers Tatev.

Moi qui fantasmais sur la grosse descente que j'allais me prendre pour arriver au niveau du lac (environ 800m de dénivelé aur quelques kilomètres...), et je me retrouve à lutter pour aller à peine plus vite qu'un piéton... La déprime.... Heureusement, c'est effectivement très beau et c'est tout de même une consolation.

Peu à peu le chemin reprends de la largeur et je réalise que j'approche de l'endroit où je devrais récupérer la route. Dans un passage un peu ombragé je me prends une demi gamelle en raison d'un sol humide et donc très glissant. "Une demi-gamelle ?" vous étonnez-vous... Oui, c'est quand on prend une gamelle, le vélo ET moi, mais que l'un des deux reste debout... En général, et jusqu'à présent, c'est toujours moi qui reste debout... Je me dis alors qu'il faut que je sois prudent dans les zones ombragées car l'humidité du matin ou des ruissellements n'a pas le temps de sécher. Malgré cette bonne volonté qui m'anime je me prends une seconde demi-gamelle... Toujours moi debout...

Et je récupère ENFIN la route, non sans avoir, lors d'un ultime passage délicat, cassé et perdu l'émetteur de mon compteur... Je suis dégoûté... Un compteur, moralement, c'est souvent vraiment utile... Surtout dans les montées...

Heureusement, je ne suis qu'aux deux tiers de la descente et je termine le troisième sur une bonne route en direction de San Marcos, San Juan et enfin San Pedro, ma destination de ce soir, posée au pied du Volcan de San Pedro... C'est quand même vachement bien organisé au niveau des noms...

 

Je me pose dans un hostel vraiment pas cher, 2 euros la nuit et passe noël à comptempler les feux d'artifices après avoir assister à une partie de la messe de minuit (vers 21H), en plein air et en bilingue : Espagnol et Maya...

 

Le lendemain c'est repos et cartes postales...

Et puis, le 26, je repars en direction d'Antigua Guatemala, l'ancienne capitale du pays, détruite en 1776 par un énorme tremblement de terre. Je commence par traverser le lac en bateau pour me rendre à Panajachel d'où j'entame l'une de mes 2 grosses montées du jour. Les paysages champêtres sont toujours aussi agréables et le beau temps toujours au rendez-vous.

 

Après mes deux grosses montées j'arrive sur Patzun, ville assez animée où je me mange trois bonnes parts de pizza avant de repartir, toujours guidé par le Volcan de Agua. En fin de journée, aprés être descendu sur Chilmatenango et pris une autre bonne descente, me voici à Antigua. Je m'y installe dans un hostel très calme et pars faire un tour dans le centre avant la tombée de la nuit.

Le lendmain matin, autre petit tour en ville avant l'aventure du jour...

aujourd'hui, c'est grimpette du volcan Pacaya. Je dis grimpette parce qu'un minibus emmène les touristes à 500 mètres (dénivelé) du cratères et nous marchons ensuite sur environ 400 m (toujours de dénivelé) pendant environ 1 heure et demie. En chemin on a une belle vue (si l'on peut dire...) de Guatemala City où je ne regrette pas de ne pas passer (pour le moment... car j'y passerai a priori lors de ma remontée vers le Mexique, en février) et des volcans alentour. Ensuite c'est le cratère fumant qui nous apparaît au sortir de la végétation.

 

La dernière éruption de ce volcan (l'un des trois actifs du pays, les deux autres sont Fuego et Santiago) remonte au mois de mai dernier mais n'a heureusement pas fait de victimes, même si les dégats ont été considérables. Le guide nous fait les expériences que j'imagine typiques de ces lieux un peu chauds avec notamment l'inflammation de touffes d'herbes au bout d'un morceau de bois qu'il plonge dans une petite cavité et descente dans une espèce de grotte où la température est comparable à celle d'un bon sauna... J'allais oublier la fonte de chamallows au dessus d'une autre cavité (plus grande celle-ci) au fond de laquelle, magie, l'on peut apercevoir l'incandescence de la lave... lorsqu'il y a un petit coup de vent...

 

Bref, à part cela, nous avons la chance d'assister à un joli coucher de soleil sur les trois volcans qui bordent Antigua : Agua, Acatenango et Fuego (celui qui fume...). Et puis, c'est la descente nocturne et un brin casse-gueule sur les pentes du volcans pour reprendre le bus jusqu'à Antigua.

Le lendemain, je reprends la route en direction de Cuilapa, de l'autre côté de Guatemala City. Pour des raisons de sécurité et de confort routier, une fois n'est pas coutume, je décide de me faire un bon gros détour afin de ne pas passer par "Guaté" (comme on dit dans le Bouchonnois local...) ni même par sa banlieue proche. Les grandes villes, et notamment les capitales, c'est un peu l'horreur par ici à vélo. Résultat, je me prend une énorme descente en direction d'Escuintla, toujours accompagné par le fumeux volcan de Fuego...

 

Je me prends environ 1200 m de dénivelé et c'est un bonheur grandiose, à peine contrarié par l'idée d'avoir à m'en remonter la moitié en deuxième partie de journée...

 

Je contourne donc Guatemala City par le sud. C'est notamment une zone de culture de la canne à sucre et je peux apprécier une nouvelle utilisation des fameux bus d'écoliers américains...

 

Arrivé à Chiquimulilla je remonte effectivement en direction de Cuilapa que j'atteint exténué, le soir même, juste avant la nuit, avant de m'écrouler dans une pauvre chambre d'hôtel à pas cher... Il faut dire que je viens encore de me farcir 130 bornes...

Le lendemain, je continue mon irresistible progression en direction du Salvador et me voici en vue de la frontière, une jolie rivière de montagnes, que je franchis sans souci.

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