L'Amérique du Nord et Centrale à vélo
Les Etats-Unis (11)
Pierre jaune à vent couvert...
Cécile est repartie le 21 au soir et moi, quelques heures plus tard, le 22 à 1 heure du mat, j’embarquais dans mon premier bus Greyhound (un peu les rois du transport routier de passagers en Amérique du Nord) en direction de Yellowstone. En théorie j’en ai pour 34 heures, mais bon, on ne sait jamais… En tout cas ça ne commence pas très bien puisque le gars derrière le guichet, à l’enregistrement, n’accepte pas mon vélo tel que je l’ai préparé… Pourtant je l’ai réduit à un petit paquet de plastique à grosses bulles avec des poignées en gros scotch et tout et tout… Mais non ! Le gars ne veut rien savoir et m’oblige à acheter une boite en carton (pas cher, 10 Dollars). Une fois le vélo dans la boite, le fameux préposé aux trucs chiants m’informe que je dois payer 30 Dollars pour le vélo et que c’est Greyhound qui prend en charge mon vélo, notamment aux correspondances. Bon, c’est un peu embêtant cette histoire de surcoût, mais au moins, je suis tranquille pour les changements de bus, je n’aurai pas à m’occuper de la grosse boite… Ma tranquillité n’est que de courte durée. En effet, lors de ma première correspondance, à Salt Lake City (les environs sont superbes !), je réalise que je dois moi-même m’occuper de mon vélo et le charger dans la remorque du petit bus dans lequel je monte… Et je ne suis pas au bout de mes surprises… Le chauffeur, un gars sympa, m’explique que pour ma prochaine correspondance, à Rexburg, cela va être un peu compliqué… En effet, dans son programme à lui, son arrêt n’est pas tout à fait à Rexburg même, mais au dépôt de bus de Rexburg, à 15 kilomètres du centre et, donc, accessoirement, à 15 Km de l’endroit d’où repart ma correspondance pour Yellowstone 6 heures plus tard. En gros, sans que personne de Greyhound ne m’en ait informé, je suis sensé me taper une correspondance de 15 Km, dans la campagne, de nuit, entre minuit et 6 heures du matin alors qu’en théorie, pour les bus, les correspondances se font DANS le même terminal… Une histoire de fou !
Enfin, le chauffeur étant un chic type, me dit qu’il va m’arranger ça. Il va me déposer à Idaho Falls à 23 H et j’attendrai jusqu’à 2 H du mat un autre bus qui m’emmènera à Rexburg, au bon endroit, où j’attendrai de 3 H à 7 H du matin. Bref, une nuit agitée en perspective. Evidemment, à chaque fois, c’est moi qui me chargerai de la boite de mon vélo… Dans l’histoire je me tape en plus un changement de bus qui n’était pas prévu, ce qui, sur un trajet de 34 H environ, n’est pas spécialement apprécié par l’intéressé. Bref, j’en conclue que Greyhound ce sont des clowns…
L’explication de tout ce merdier m’est fournie par le chauffeur qui m’explique que le bus qu’il conduit fait partie d’une compagnie sous-traitante de Greyhound : Salt Lake Express, et qui gère en gros une majeure partie des trajets de Greyhound en Utah, un peu au Colorado, en Idaho et au Montana. Résultat, ces braves gens de Greyhound vendent des billets de bus avec des correspondances de 15 bornes et les paquets dont ils sont sensés s’occuper du départ à l’arrivée cessent d’être pris en charge au beau milieu du voyage. Bref, des clowns… Evidemment, ces apôtres de la concurrence positivement régulatrice mais qui possèdent de fait une sorte de monopole sur tout le nord du continent américain (si ce ne sont pas eux qui opèrent sur un trajet, c’est l’un de leurs sous-traitants…) n’ont absolument AUCUNE considération pour leurs clients. Et je ne vous parle pas de la fausse publicité sur leur site Internet présentant les bus de leur nouvelle flotte comme des summums de confort (WIFI, prise électriques et plus d’espace pour les jambes..) mais dont je commence à douter de l’existence même… En effet, en 34 heures de trajet avec eux + le trajet Yellowstone – Vancouver (une trentaine d’heures si je ne me trompe pas…) + celui que je fais en ce moment (entre Calgary et Montréal – 58 heures… ;-), je n’ai jamais vu UN SEUL de ces fameux bus de la nouvelle flotte. Et pourtant, on s’arrête TRES régulièrement dans des terminaux de bus au court du trajet… Donc, je précise, Greyhound, ce sont des clowns MENTEURS… Désolé pour la comparaison les clowns…
Bref, je suis tout de même à West Yellowstone Village le matin du 23
Ouf… Une fois mon vélo remonté, je me dirige vers le camping à l’intérieur du parc, où je vais passer 2 nuits avant de revenir à West Yellowstone afin de reprendre un bus mensongèrement clownesque en direction de Vancouver. Les 25 kilomètres qui me séparent du camping se font tranquillement et à travers des paysages plutôt prometteurs…
Une fois sur place, je m’installe rapidement avant d’entreprendre ma visite du parc. Comme on m’a dit très grand bien de Yellowstone, je suis plutôt impatient de le découvrir. Je pars donc vers le nord et apprécie en effet les paysages, les bisons, mais pas les ours...
Ceci dit, le vrai intérêt de Yellowstone réside dans le fait que l’on se trouve là à l’intérieur du gigantesque cratère (environ 100 kilomètres de diamètre) d’un vieux volcan seulement endormi. Le parc est donc parsemé de formations géologiques en rapport avec l’activité volcanique (sulfures, geysers et autres…).
Je visite donc le nord du parc et notamment Mammoth Hotspring ainsi qu’un autre coin avec des geysers. Tout cela est vraiment exceptionnel. Et ça continue sur d'autres sites un peu moins visités...
Je me réserve la partie sud pour demain. Malheureusement, le lendemain, la neige accumulée sur ma tente au réveil et la pluie fine et froide qui tombe en continu me contraignent à changer mes plans. Je reste ainsi bloqué toute la journée dans ma tente. Voilà comment je n’aurais pas vu la boucle sud de Yellowstone. Tant pis !
Le lendemain matin, le temps s’améliore et cela me permet de regagner West Yellowstone au sec, non sans avoir vu un aigle au bord de la route, dans son arbre, à la cool…
On est le matin du 24 mai et je prends mon bus à 9 H en direction d’Idaho Falls où j’effectue un premier changement. Comme c’est une toute petite station (un bureau dans une station-service et une salle d’attente de 5 m2, on ne m’impose pas encore les 30 Dollars pour le vélo. En revanche, au changement suivant, comme je suis dans un vrai terminal, je dois faire enregistrer mes bagages. Le gars a l’air sympa et me dit qu’en théorie, il devrait me facturer 30 USD mais qu’il m’en fait cadeau. Je l’en remercie sans me méfier… Mais voilà, au moment d’embarquer, le chauffeur me dit qu’il n’y a pas de place pour mon vélo et que je dois attendre 12 heures de plus le prochain bus en espérant que lui ait de la place en soute pour ma boite… Evidemment, je ne me démonte pas et tape un énorme scandale en lui assurant qu’il ne va pas partir sans mon vélo et moi (je dois dire que la maman de Laurent aurait été fière de moi si elle avait été témoin de la scène…). Mon argument majeur c’est que mon visa expire le lendemain, le 26 mai et qu’il est hors de question que je devienne illégal aux USA parce qu’il ne veut pas embarquer mon vélo… Tout en scandalant (néologisme verbal…) je réalise que puisque je n’ai pas payé les 30 Dollars, légalement il n’a probablement pas obligation de charger mon vélo dans le bus. Qu’à cela ne tienne, j’insiste avec fermeté et obtient finalement gain de cause auprès du chauffeur qui consent à bouger quelques bagages afin de réarranger sa soute et faire de la place, largement d’ailleurs, pour mon vélo en boite… Et j’embarque pour Seattle.
Rétrospectivement, je me dis que c’est quand même super abuser de la part du chauffeur, parce que si je n’avais pas insisté comme je l’ai fait, je serai tout simplement resté sur place, à attendre 12 heures le prochain bus. C’est juste hallucinant. M’enfin…
Quoiqu’il en soit, sans trop d’autres « galères Greyhound TM », je sors des Etats-Unis le 26 vers 14 H et ça tombe bien puisque c’est exactement le dernier jour de mon visa touriste de 3 mois entamé le 26 février dernier. Ouf… Et j’arrive à Vancouver.